Des années 30 à 60, c'est l'âge d"or du film musical en Egypte. De grosses productions présentent des chanteurs deja connu en dehors du circuit cinématographique et, des danseuses célèbres font passer les stars américaines pour de pâles copies. Beaucoup plus sensuelles et suggestives que leurs consoeurs d'outre-atlantique, elles restent encore de nos jours de véritables références de féminité.
Les danseuses
Samiaa Gamal
Samiaa Gamal, de son vrai nom Zainab Ibrahim Mahfuz,naît en 1924 à Wana, une petite ville Egyptienne et décédée le 1er décembre 1994 au Caire. Samiaa a rendu la danse orientale plus expressive et lui donna un statut plus respectable, en y intégrant des éléments étrangers comme le ballet classique ou les danses latino.
Samiaa fit la rencontre de Farid Al atrache et ils tombèrent amoureux l’un de l’autre. Farid Al-Atrache et Samiaa Gamal jouèrent ensemble en 1949 dans Ahebbak inta (C'est toi que j'aime) . Cette même année, le Roi égyptien Farouk proclama Samiaa Gamal « danseuse nationale d'Égypte »
Elle jouera ensuite dans Ali baba et les 40 voleurs avec Fernandel ainsi que dans "la vallée des rois" super production hollywoodienne.
Samiaa a épousé en 1952 Sheppard King, un millionnaire texan du pétrole, mais leur union fut de courte durée. En 1958, Samiaa Gamal se marie avec Rushdy Abaza , un des acteurs égyptiens arabes les plus célèbres.
Elle fut la première danseuse à se produire avec des talons hauts.
Fifi Abdou
Fifi Abdou, la sulfureuse, de son vrai nom Atiyat Abdul Fattah Ibrahim, est née au Caire le 9 novembre 1953. Danseuse et comédienne, elle commence à devenir célèbre en meneuse de revue dans de grands hôtels égyptiens : le Méridien, le Sheraton.
Elles participera à des films à succès, puis entamera une vie de comédienne dans des séries TV. Elles représente à la ville comme à l'écran , la femme forte qui tient tête aux hommes. Elle fit même 3 mois de prison suite à une inculpation de la haute cour de justice pour mouvements dépravants dans ses chorégraphies.
Mariée 5 fois et mère de 3 filles dont une fille adoptive, elle déchaînera les passions dans son entourage. Malgré sa vie peu conventionnelle aux yeux du pouvoir égyptien, elle s'engagera auprés des plus pauvres du Caire, dont des dons et des oeuvres de bienfaisances.
Elle possède plus de 5 000 costumes de scène dont le plus cher coûte 40 000 dollars
Taheya Carioca
Actrice, danseuse et productrice égyptienne, de son vrai nom Tahiya Ali Mohamed Karim, elle naît en 1915 à Ismaîlia. Elle prit le nom de "Carioca" parce qu'elle aimait particulièrement la danse brésilienne . Sa famille s'était installée au Caire quand elle avait 12 ans. Elle rejoint "Badiaa Massabni" qui tenait un des cabarets de divertissement les plus connus du Caire de l'époque.
Le responsable de l'Opéra du Caire remarquera ses talents de comédienne et danseuse dés 1941, il va alors lui ouvrir les portes du cinéma et de la danse.
Elle tiendra toujours des rôles de femme fatale et accompagnera les plus grands comédiens égyptiens. A la fin de sa carrière elle ne dansera plus mais jouera dans des sitcoms et deviendra productrice.
Sur le plan privé, elle était aussi forte de caractère que les personnages qu'elle a incarné. Passionnée, elle se mariera 14 fois sans avoir d'enfant.
Elle adoptera une fille à l'aube de sa mort et en confiera l'éducation au moment de son décès à sa consoeur Fifi Abdou.
Souheir Zaki
Soheir Zaki est née dans la ville égyptienne de Mansourah.
A l'âge de 9 ans, sa famille déménage pour d'Alexandrie sur la côte méditerranéenne. Finalement, elle a déménagé au Caire, où elle rejoint l'industrie du divertissement en plein essor en tant que danseuse , elle qui n' a effectué alors que des mariages et des exhibitions dans des discothèques.
Elle est rapidement devenue populaire auprès du public masculin en raison de sa taille de guêpe , et fut beaucoup admiré par les femmes pour son doux sourire.
Dans les années 1970, Zaki est devenu la première danseuse orientale à faire une performance sur une chanson rendue populaire par la grande chanteuse Oum Kalthoum. Suite à cela, chaque danseuse orientale est aujourd'hui obligée d'avoir au moins une chanson de Oum Kalthoum dans son répertoire.
Nagwa Fouad
Née en 1943 à Alexandrie de père égyptien et de mère palestinienne, elle débute comme danseuse au Casino Abdeen où elle rencontre Ahmad Fouad Hassan , qui deviendra son mari. Producteur de spectacles il sera plus tard plus tard un célèbre chef d'orchestre. Il persuade Nagwa de faire le plus prestigieux spectacle de danse des années 1960 appelé Adwa El Madina (City Lights) qui avait été marquée par des superstars telles que Shadia , Abdel Halim hafez ,fayza Ahmed et Sabah .
Après le cinéma, elle rejoint des troupes de danseuses et fini sa carrière comme comédienne puis comme productrice.
Zeinat Olwi
Zeinat Olwi est né en 1930 à Alexandrie. À l'âge de seize ans, elle s'enfuit au Caire pour demander asile à une parente qui avait été rejetée et reniée par sa famille parce qu'elle était devenue danseuse. Zeinat pour la remercier lui dit qu'elle serait prête à travailler même en tant que danseuse de fond au club de Badia. Elle est engagée sur le champ. En six semaines, Zeinat devint une danseuse régulière au club.
Peu de temps après elle devint danseuse soliste. Le cinéma lui offre plusieurs rôles de comédienne mais elle préfére apparaître dans les films en tant que danseuse , parce qu'elle se considérait d' abord et avant tout comme une danseuse. Elle fini par accepter quelques petits rôles.
Elle est apparue dans plus de 22 films et surpris tout le monde en se retirant au début de 1965. Ce fut pour elle un moyen de protester contre les lois discriminatoires et contre le mauvais traitements subis par les danseuses orientales aux mains de la police égyptienne. Elle a ensuite essayé de former un syndicat pour sa corporation, mais échoua. Grande fumeuse, Zeinat Olwi décédera en 1988 à 58 ans d'une crise cardiaque. Elle est morte seule dans son appartement du Caire, où une femme de ménage l' a découvre trois jours plus tard. Les deux seules personnes du monde du spectacle qui assisteront à ses funérailles sont Fifi Abdou et Taheya Carioca.
Les chanteurs et chanteuses
Farid El Atrache
Né le 19 octobre 1915 en Syrie, ses parents fuient le pays pour s'intaller en Egypte en 1920.Trés tôt initié au chant, son maître lui dira de faire passer ses émotions dans son interprétation. La tristesse de ses chants deviendra une marque de fabrique, d'où le surnom de chanteur triste qui le suivra tout au long de sa carrière.
Il débute en 1930 sur des radios privées égyptiennes, puis sera ensuite chanteur et joueur de oud pour la radio nationale. Sa soeur, Asmahan, chanteuse également deviendra aussi populaire que lui.
Les succés rapides entraînent le chanteur dans une vie mondaine agitée. Criblé de dettes et accablé par la mort tragique de sa soeur, il trouvera le réconfort auprés de la danseuse Samia Gamal pendant 5ans.
En 1952 juste avant le coup d'état qui fera fuir le roi Farouk Ier, Farid tombera follement amoureux de la reine, qui aprés son exil et son divorce reviendra vivre leur romance en Egypte. Mal accepté par la famille de cette dernière, ils devront se séparer, ce qui le plongera dans une grave dépression, puis la maladie.
Peu avant sa mort, il demandera sa main à la chanteuse Shadia, mais renoncera au dernier moment.
Icone du cinéma d'après guerre jusque dans les années 70, il reste encore très présent dans le coeur des amateurs de chansons orientales. Il décèdera à Beyrouth, le 26 decemnbre 1974.
Shadia
Fatma Kamal Shaker, aussi connue sous le nom de « Shadia » est née le 8 Février 1929, au Caire et fut surnommé : « Sawto Masr », la voix de l’Egypte.
Très jeune, son père, repère en Shadia un talent rare. Il engage un professeur de chant particulier afin que ce dernier lui enseigne tout ce qu’il y a à savoir sur l’art de la musique.
Shadia se prend de passion pour la chanson et participe à des concours dans la capitale. Lors d’un concours qui rassemble plus de 300 candidats, Shadia éblouit le jury et remporte le premier prix haut la main. A partir de là, c’est une « success story » comme peu en connaissent jamais.
Chanteuse à la belle voix, et surtout jeune fille à la beauté renversante, Shadia se voit devenir l’égérie des producteurs et réalisateurs de l’époque qui la couvrent de propositions de rôles dans des films tous destinés au cinéma et d’une qualité qui n’a d’égal que son talent .
Son premier rôle, Shadia le doit au réalisateur Helmy Rafla qui la découvre en premier. Il lui offre un rôle dans son film « El-Aql Fi Agaza» et à partir de là débute sa carrière sur le grand écran où elle paraitra dans quelques 117 productions. On retiendra notamment «Sahibat el malilim » auprès de l’artiste Mohamed Fawzi en 1949, «Al-hawa maluush dawa » en 1952, « Dalila » en 1956, « Elf laila wa laila » en 1964 ou encore « Maaboudat Al Jamahir » en 1967 avec le grand Abdelhalim Hafez et bien d’autres.
Shadia, qui passe la plus grande partie de son temps sur les plateaux de tournage, devient bientôt productrice. Cet accomplissement, Shadia le présente comme un pied-de-nez aux détracteurs qui persistent à la voir comme une simple poupée de porcelaine qui chante. Sous sa direction, Shadia produit deux films « Layla Min Oumoury » et « Shataa Adhikrayat »
Bien qu’elle ait joué dans plusieurs films au cours de sa carrière, Shadia a fortement marqué les esprits avec son rôle dans le film « Al Maraa Al Majhoula » en 1959 qui, non seulement connut un succès immense dans le monde arabe mais fut même projeté aussi loin que dans les salles de cinéma de l’ancien URSS. Le dernier long métrage de Shadia est le film « La Tas'alni Man Ana » après lequel l’artiste prit sa retraite vers le milieu des années 80.
Actrice de talent qu’une riche filmographie honore, Shadia n’en demeure pas moins une chanteuse à la voix incomparable.
Abdel Halim Hafez
« al andalib al asmar », le rossignol brun, fut le surnom de ce comedien ,chanteur, énorme vedette du cinéma égyptien des années 50 aux années 70. Il naît en 1929, orphelin, il fut receuilli par son oncle vivant au Caire.
Remarqué très jeune dans des clubs du Caire où il chante régulièrement, il rencontre son premier succès à la radio, après avoir obtenu un diplome de hautbois et un certificat d'enseignement en musique.
Abdelhalim était aussi un grand ami du président égyptien Nasser et connu le succès durant la période de la révolution nassérienne. Il a interprété plusieurs chansons patriotiques et chantait lors des fêtes qui célébraient l'anniversaire de la révolution.
Durant sa jeunesse, il serait tombé amoureux d'une jeune fille avec laquelle il envisageait de se marier. Mais les parents de la demoiselle, n'ont pas donné leur accord. Quatre ans après, les parents ont donné leur permission pour le mariage, mais elle meurt d'une maladie juste avant le mariage.Il ne s'en remettra jamais, et il consacra ses plus tristes chansons à cette femme, dont Fi Youm, Fi Shahr, Fi Sana etQariat el-Fingan.
Plus tard, des rumeurs persisteront à propos d 'un mariage secret avec l'actrice Souad Hosni qui aurait duré six ans. Mais leurs amis respectifs continuent toujours aujourd'hui à nier ce mariage. Souad meurt le 21 juin 2001, Jour de la naissance d'Abdel Halim. On la trouve morte à Londres, en bas de son appartement, à la suite d'une dépression. On ignore jusqu'à présent s'il est question d'un suicide ou si elle a été tuée. Ses proches et ses amis estiment qu'elle a été tuée d'autant plus qu'elle s'apprêtait à publier sa biographie après avoir enregistré ses mémoires sur cassettes. Celles-ci ont disparu de son appartement et certains avancent la théorie de l'assassinat car plusieurs personnalités publiques égyptiennes avaient intérêt à les faire disparaitre.
Interprète de plus de 300 chansons et acteur dans une vingtaine de films, Il meurt le 30 mars 1977 à Londres, des suites d'une bilharziose attrapée en 1940 après une baignade dans le Nil, et dont il souffrirait chroniquement depuis 1955. Des milliers de personnes assisteront à son enterrement au Caire, ce sont les plus grandes funérailles d'Égypte après celles du président Nasser et de la chanteuse Oum Kalthoum.
Plus de 30 ans après sa mort, il reste encore très présent dans le paysage musical. 2000 Le chanteur américain Jay-Z reprendra la musique de la chanson Khosara pour sa chanson Big Pimpin , le sample ayant été réalisé par Timbaland.
Sabah
Née le 10 novembre 1927 à Bayrouth (Liban), de son vrai nom Janet Gergi Fighali est une chanteuse de genre arabesque-pop music et actrice libanaise.
En 1940, Sabah commence le chant et sortira tout au long de sa carrière plus de 50 albums . Ces opus ont connu des grands succès et lui ont fait acquérir une importante célébrité.
Elle fera aussi une grande carrière d'actrice dans les films égyptiens en jouant dans plus de 98 films aux côtés des plus grands acteurs égyptiens (Salah Dou Lfakar, Rouchdi Abadha, Abd El Halim Hafed, Farid Shawqui.....).
Durant 80 ans, Sabah restera une grande et célèbre actrice et chanteuse en continuant à présenter des concerts et participer à des émissions à la télévision comme : Star Academy Liban où elle a chanté son nouveau single sur une scène côtoyée des mannequins portant les costumes de ses films.
Reconnue par sa voix expressive et vivante, particulièrement sa capacité de fixer une note pour plus d'une minute.
Sabah a été mariée environ huit fois et ses anciens époux sont : Najib Shammas (1946-1951) avec qui elle aura un garçon, Anwar Mansy avec qui ellemariée 4 ans etaura une fille 'Houwayda', le compositeur Baligh Hamdi, l'animateur égyptien Ahmed Farragh, l'acteur égyptien Rushdi Abadha avec qui elle restera mariée trois jours, mais comme elle l' affirme, ils seront restés mariés cinq mois.
Après son divorce, elle devient l'épouse de Joe Hammoud, ensuite de Wassim Tabbara et son dernier mari Fadi Kuntar, surnommé Fadi Lubnan réalisera un film en 1990 intitulé 'Sabouha la vie'.
Par la suite, Sabah tombe amoureuse du beau frère du roi Farouk, nommé Ali, mais elle ne s'est pas mariée avec lui.
Sabah a été surnommée par ses ex-maris, ''Madame la banque'' en raison de ses grands dépenses sur les personnes qu'elle aime.
Lors de la célébration de son anniversaire le 10 novembre 2007, Sabah a reçu une fleur et un coup de téléphone du général Aoun à la présence de ses amis et ses fans.
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